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Le Taekwondo en Famille : Interview d’Isabelle et Patrice Tafial, arbitres

Je vous présente dans cet article, une double interview. Isabelle et Patrice Tafial arbitres internationaux, tous deux investis dans le monde du Taekwondo, de l’arbitrage combat, du jugement technique Poomsé.

Vous pouvez découvrir deux points de vu pour une même passion.

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  • Bonjour Isabelle et Patrice, pouvez vous vous présenter rapidement et expliquer votre parcours jusqu’ici dans le taekwondo?

Isabelle : J’ai 48 ans, je suis enseignante (et directrice) dans une école maternelle, mariée (à Patrice), avec un enfant et trois petits-enfants. Je pratique le taekwondo depuis 25 ans. Je suis actuellement responsable d’arbitrage en Aquitaine.

Patrice : J’ai commencé le taekwondo au CKF Bondy. J’ai pratiqué la compétition au niveau national. Suite à mon accident, j’ai fait un dernier championnat de France et pour rester dans le milieu de la compétition je me suis orienté vers l’arbitrage. 

  • Le fait de pratiquer cette activité identique dans la même discipline en couple, avantages ou inconvénients?

Isabelle : Avantages, c’est certain! Même passion, discussions assurées à la maison! Des fois difficile pour l’organisation, surtout quand le fils était jeune!

Patrice : Avantages; être ensemble et transpirer ensemble après des journées parfois difficiles au travail. Inconvénient; des problèmes de club ont tendance à nous suivre jusqu’à la maison.

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  • Vous êtes tous les deux également juges techniques pour les compétitions poomsé, quelle fonction est la plus intéressante pour vous, pourquoi?

Isabelle : l’arbitrage des combats! Car c’est différent à chaque fois. En technique, un juge regarde le même poumsé trop longtemps! arbitrer en combat, il y a le travail et le plaisir. Juge poumsé, je ne vois que le travail.

Patrice : Juge technique demande une grande concentration, une connaissance technique pointue et la connaissance du règlement d’arbitrage technique. Le juge technique est celui qui a mon avis est le plus près de l’art martial « taekwondo ». Car il est toujours à la recherche de celui qui aura un enchaînement de technique parfait (précis, puissant avec un ensemble d’impression dans le regard qui ne  laisse aucun doute sur la détermination du pratiquant) du début à la fin.

Le combat est différent, c’est spectaculaire, c’est la partie sportive du taekwondo qui permet une médiatisation de la discipline. C’est deux fauves qui sont sur une espace pour se battre et gagner. En tant qu’arbitre, je dois les laisser se battre avec leur agressivité, leur malice tout en restant dans les limites des règles établies pour la compétition. Imaginez, deux combattants de plus de 84kg arbitrés par une personne qui pèse 54kg tout habillée, et quand cette personne demande à deux monstres de 84kg et en pleine action de s’arrêter et que ceux-ci s’arrêtent sans broncher ! C’est ……… n’est ce pas ?

Tu es dans l’action, tu participes à l’action.

Dans l’arbitrage technique tu subis. 

C’est ça la différence.

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  • Pourquoi cet investissement dans ce domaine? (L’arbitrage)

Isabelle : C’est un moyen pour rester actif et de voir des compétitions. Quand j’ai arrêter de combattre en compétition, cela m’a semblé naturel d’aller à l’arbitrage.

Patrice :  C’est un moyen de rester dans le milieu et de suivre l’évolution des techniques de combat qui fonctionnent en compétition.

Cela permet aussi de mettre mes clubs à jour des nouvelles règles.

 

  • Y a t’il du stress comme les combattants? Quelle pression à t’on en tant qu’arbitre?

Isabelle : La pression est là, mais pas comme celle des compétiteurs. On a qu’un objectif : que le meilleur gagne. Et peur de ne pas tout voir, de ne pas prendre les bonnes décisions. Mais c’est vrai qu’avec le temps, le stress diminue.

Patrice :  Oui, il y a du stress et une pression, celle de ne pas faire d’erreur, celle de tout voir, celle de prendre la bonne décision au bon moment, celle de ne pas montrer mon stress aux compétiteurs et à mes collègues arbitres, celle de ne pas être un gendarme qui distribue des avertissements et des sanctions mais d’un animateur, d’un gestionnaire, d’un manager qui dirige un spectacle en se faisant le plus discret possible.

 

  • Est ce différent lorsque l’on est responsable d’une aire de combat?

Isabelle : il y a une équipe à organiser, des conseils à donner; Il faut savoir manager des personnes… Il faut composer (ou pas) avec des personnalités différentes, qui sont là bénévolement.

Patrice : C’est une tâche différente, c’est une équipe dont tu as la responsabilité. 

La charge est un peu plus compliquée, car c’est une gestion d’hommes et de femmes avec des niveaux de compétences différents.

Une évaluation des compétences de chacun doit être faite avant le début de la compétition et après mettre en confiance son groupe.

La différence entre arbitre et responsable de table : l’arbitre fait une faute c’est lui le problème. Le responsable de table est le responsable de tous les problèmes qui se passent sur son aire qu’il soit présent ou non au moment des faits. Le responsable de table doit protéger ces arbitres.

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  • Personnellement, quelle est  la partie la plus plaisante?

Isabelle : Arbitrer car à ce moment je profite des combats. Je suis dans une bulle ou je ne vois que les compétiteurs et ce qui se rapporte au combat. Les coups de pieds sont donnés à 1 mètre de moi. Un vrai plaisir pour ceux qui aiment le combat, sans combattre!

Patrice : Arbitre de centre.

 

  • (question pour Isabelle)
    La place d’une femme arbitre et responsable d’aire dans la partie combat, est ce dur et le conseilleriez vous aux autres pratiquantes de taekwondo?

Isabelle : Si on a envie de progresser et de faire progresser l’arbitrage, femme ou homme importe peu.  Sauf pour certains hommes, qui ont leur égo mal placé, et qui eux sont bien placés! Si je suis restée si longtemps dans l’arbitrage, c’est grâce à mon époux qui m’a protégé de ces arbitres “prédateurs”. Si je suis aussi bien placée dans l’arbitrage fédéral, c’est parce que je suis la femme de Patrice. Mais les mentalités changent. Les arbitres sous “mes ordres” peuvent se plaindre de moi, mais pas parce que suis une femme, je suis aussi casse pied!

  • Lorsqu’on est arbitre international, a on les mêmes rêves qu’un compétiteur de haut niveau : participer aux jeux olympique?

Isabelle : J’ai bien eu ce rêve, mais très peu de temps. Je suis lucide, je vois comment fonctionne le système. Mais j’aime toujours arbitrer de beaux combats!

Patrice : Ça c’est vrai quand on est jeune, mais moi je suis trop vieux pour ça !!

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  • Un objectif futur?

Isabelle : Pouvoir arbitrer plus de compétitions internationales (il me faudrait être sur la liste des arbitres de haut niveau afin que l’Education Nationale m’autorise à m’absenter, mais je n’arbitre pas assez de compétitions internationales pour prétendre à ce sésame.

Patrice : Prendre un peu plus de temps pour moi et les miens

 

Isabelle et Patrice MERCI beaucoup d’avoir pris de votre temps pour répondre à ces questions, je vous souhaite une très bonne continuation en continuant à vous faire plaisir !

 

Lee Won Sik, un Maître, une passion pour le Taekwondo

Maitre Lee Won Sik et Eric Albasini
Maitre Lee Won Sik et Eric Albasini sur la plage de Portiragne durant un stage estival

 

C’est avec un très grand honneur que je vous présente cet Interview de Maitre Lee Won Sik. Maitre Lee est, pour moi, une véritable référence en Taekwondo. Je suis ses stages le plus souvent possible et applique ensuite ses directives dans ma pratique personnelle et cela influence directement mon enseignement…

 

 

– Éric Albasini : Maître Lee Won Sik bonjour, tout d’abord merci d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions pour le site TaeKwonDo-Club France (www.taekwondoclub.fr).

 

– Éric Albasini : Pouvez-vous nous donner votre parcours avant d’arriver en France, et pourquoi la France ?

– Maître Lee Won Sik : J’ai commencé le Taekwondo à Séoul à 10 ans. D’abord compétiteur combat, très rapidement je suis devenu enseignant d’un club de Taekwondo. Mon Maître avait un ami qui était Maître de Corée à Toulouse et qui cherchait un jeune Maître avec les compétences nécessaires pour l’aider à développer le Taekwondo en France. C’est moi qui ai été choisi. A mon arrivée en France, j’étais 4ème Dan.

 

Un tyo yop tchagui de Maitre Lee Won Sik
Un tyo yop tchagui de Maitre Lee Won Sik, un faux air de Bruce Lee, non ?

– Vous êtes actuellement 7ème dan (grand Maître), pouvez-vous nous dire comment vous avez été formé au Taekwondo ?

J’ai été formé par Maître Cho Kyong Soo d’abord, puis par Me Lee Tchol Soo.

 

– Vous avez été champion combat de Corée, vous êtes le référent technique en France…technique ou combat, une préférence ?

J’ai été double champion combat de Corée, mais j’ai toujours pratiqué le Taekwondo traditionnel tel qu’il est enseigné en Corée. Lorsque je suis arrivé en France, j’enseignai aussi bien le combat que la technique. Puis, j’ai choisi de développer la technique parce qu’a l’époque elle était moins connue et qu’il y avait tout à faire à ce niveau.

 

– De quel façon êtes vous arrivé au poste de cadre, responsable technique fédéral au sein de la FFTDA ?

J’ai d’abord été choisi pour être entraîneur de l’équipe de France technique, poste que j’ai occupé 10 ans avant d’être choisi par le D.T.N. pour être directeur technique fédéral traditionnel.

 

Maitre Lee Won Sik aime s'entrainer dans la nature comme durant les stages d'été à Béziers !

Maitre Lee Won Sik en casse joumok sur des briques
Maitre Lee Won Sik en casse joumok sur des briques

 

 

 

 

 

 

– Maître, dites nous comment se passe en général les « envois » des maitres Coréens pour le développement du Taekwondo dans le monde ? Est-ce toujours d’actualité ?

Le Kukiwon continue de former des Maîtres pour les envoyer dans les pays ou le Taekwondo est moins développé.

 

– Les Coréens occupent toujours de bonnes places en technique, ont ils une mentalité plus appliqué et plus volontaire que les Français ?

Je pense que la volonté des compétiteurs est partout la même dans le monde. Mais les coréens s’entraînent beaucoup plus. En Corée, on s’entraîne de nombreuses heures chaque jours.

 

– Maître Lee, vous êtes né à Séoul en Corée du Sud le 10 avril 1958.  Vous avez donc vécu l’intégralité du développement du Taekwondo, est ce que pour vous le Taekwondo au niveau mondial diverge beaucoup de la pratique d’origine ?

Changé, non. Mais amélioré et plus structuré depuis que les compétitions techniques existent.

 

Maitre Lee Won Sik casse en mo dum bal yop tchagui
Maitre Lee Won Sik casse en mo dum bal yop tchagui

– Retournez vous régulièrement en Corée, quel contacte gardez vous ?

Je retourne en Corée régulièrement, d’abord pour voir ma famille et mes amis. J’ai gardé des contacts avec plusieurs Maîtres en Corée.

 

-Une vie de famille en France ?

J’ai trois filles de 24, 22 et 12 ans. Aujourd’hui je suis marié avec Christine qui est aussi enseignante et qui me remplace lors de mes absences au club.

 

– À 50 ans passé, vous avez une forme et une puissance dans vos techniques à faire pâlir les jeunes de 20 ans, vous avez un secret ?

Simplement beaucoup d’entraînement et d’entretien physique. Je fais tous les jours 1 ou 2 heures de vélo et je joue au golf 4 fois par semaine.

 

Portrait de Maitre Lee Won Sik
2 fois Champion combat de Corée et 10 ans entraineur de l’équipe de France Technique… Maitre Lee Won Sik est aussi discret que redoutable !

 

– Depuis combien de temps enseignez vous ?

J’étais déjà enseignant à 17 ans en Corée et j’enseigne en France depuis 1983.

 

– Vous avez été entraineur de l’équipe de France Technique durant 10 ans, vous gardez toujours un oeil sur eux ?

Quelquefois il m’arrive de leur donner un coup de main si l’entraîneur me le demande.

 

– Existe t-il des « rencontres amicales » avec les autres nations comme en combat afin de motiver et booster les performances des techniciens Français ?

Rencontres amicales, non. Mais l’équipe de France participe à de nombreux opens afin de se tester et de préparer les championnats.

 

Maitre Lee Won Sik stage d'été à Béziers
Maitre Lee Won Sik, un Maitre qui n’a pas peur de mouiller son dobok ! Le voici ici lors d’un stage d’été vers Béziers, sur les plages de Portiragne et Valras.

 

– Chaque été, vous faites un stage d’une semaine à Béziers (en salle, sur la plage et dans l’eau), après avoir personnellement participer à ce stage, j’ai envie de dire que c’est le meilleur stage de la saison ! On est au courant de ce stage surtout par bouche à oreille, pourquoi pas plus de publicité ?

Pourquoi pas plus de publicité ? Vous savez, je suis quelqu’un d’assez discret. Les gens qui viennent à mon stage sont très motivés, les mêmes reviennent régulièrement et ce sont eux qui en parlent.

 

 

– On ressent, à chaque cours que vous faites, cette passion de la transmission du Taekwondo, d’où viens cette passion ?

J’aime le Taekwondo et je continue à pratiquer. Lorsqu’on aime quelque chose, on a envie de faire partager et de transmettre son savoir. Et puis, je continue moi-même a rechercher encore et toujours.

 

Maitre Lee Won Sik en démonstration
Maitre Lee Won Sik en démonstration
Maitre Lee Won Sok au Han Ma Dang de Béziers
Maitre Lee Won Sik organise tous les ans le Han Ma Dang de Béziers, une compétition festive avec de la casse et de la technique.

 

 

 – Vous organisez tous les ans également (au mois de juin), une compétition qui se veut festive : le Han Ma Dang de Béziers… Que veux dire Han Ma Dang ? D’où cela viens exactement ? Le Han Ma Dang de Corée est il sur le même principe ?

Han Ma Dang veut dire grande fête pour tous. Bien sûr, si en Corée il est organisé sur le même principe, il est beaucoup plus varié au niveau des catégories et du nombre des compétiteurs et il dure plusieurs jours.

 

– Pour ceux qui souhaiterai effectuer un stage de Taekwondo en Corée, un conseil ?

Un pratiquant de Taekwondo qui a la chance de pouvoir se rendre en Corée doit avant de partie préparer son voyage et son stage. Il peut demander conseil à un Maître de Corée avant de partir ou bien à quelqu’un qui a déjà été en Corée et qui pourra lui indiquer ou aller. Sinon, on peut demander conseil au Kukiwon.

 

– Maître Lee, Merci beaucoup d’avoir donné de votre temps, on vous dis à très bientôt